jeudi 14 avril 2011

Pendant les 21 jours en Côte d’Ivoire

Salut, j’ai trouvé un réseau internet pour vous écrire très rapidement, les choses ici sont devenues vraiment noires, vu qu’internet est très limité, j’ai fait un petit résumé de ce que j’ai vécu ces deux dernières semaines, voici :

Jeudi, le 31 mars 2011

Il est 13h, notre responsable ainsi que d’autres pasteurs n’ont pas pu sortir de la maison car il y a beaucoup de conflits, des milliers d’hommes tirent des coups de feu partout, chacun de leur côté, pour plusieurs raisons, mais un seul objectif, tuer !

Moi, André et quelques pasteurs, avons réussi à nous rendre au siège de l’église, j’essayais de me concentrer sur mon travail au bureau, croyant que les coups de feu allaient s’arrêter et malgré avoir vu plein de corps sur la route…

D’un coup, un fort bruit a tout fait trembler et nous nous sommes jetés à terre et nous y sommes restés pendant une demi-heure, jusqu’à ce que les bruits diminuent. L’évêque a appelé et nous a dit de rentrer, nous avons fermé l’église rapidement et nous sommes partis…

Nous avons du partir les bras levés pour montrer que nous n’étions pas armés, les rues étaient désertes, il y avait plus de corps sur le chemin, mais nous avons réussi à rentrer chez nous…

Cette nuit-là, personne n’a dormi, car les bruits étaient très perturbateurs…

Vendredi, le 1 avril 2011

A l’aube, les coups de feu continuaient, nous sommes 12 couples (pasteurs) ici, dans l’immeuble, nous sommes bien, mais nous nous inquiétons avec les autres pasteurs, auxiliaires, l’évêque, les ouvriers, le peuple, enfin. Qu’est-ce qui se passe avec eux? Est-ce qu’ils vont bien? Nous essayons de nous appeler les uns les autres mais les lignes téléphoniques ont été coupées.

Nous commençons à prier ensembles le matin, à 12h et à 17h, au-delà du propos de prière de 6 en 6 heures et les 21 jours du jeûne de Daniel.

Le soir est arrivé, les coups de feu n’arrêtent pas et les bombes explosent intensément.

Samedi, le 2 avril 2011

Dormir est presque impossible, dès le matin nous nous préparons, nous avons peu de nourriture à la maison, nous avons décidé d’aller au centre-ville acheter de la nourriture, nous ne pouvons pas y aller en voiture car ceux qui sortent en voiture sont menacés avec une arme et obligés à laisser la voiture.

Donc, nous nous sommes rendues à pied, près de 8 kilomètres aller/retour, les coups de feu et les bombes continuent, plus loin, mais ils continuent, lorsque nous sommes arrivées au centre ville nous avons étés surprises avec une énorme foule cherchant la même chose que nous, de la nourriture.

C’était une confusion, peu d’endroits ouverts et des milliers de personnes voulant acheter quelque chose, les files d'attente n’étaient pas respectées, à la boulangerie beaucoup de violence pour avoir un pain, au marché, il y avait peu de vendeurs et ils avaient peu de choses, à un prix absurde, mais nous n’avions pas le choix, nous avons acheté ce que nous pouvions, la peur et le désespoir étaient grands parmi les personnes, elles se disputaient pour un sac de riz, nous nous sommes dépêchés afin de rentrer rapidement, car le couvre-feu est à midi.

La journée se termine et les pasteurs s‘organisent pour se rendre à l’église le lendemain matin!

Dimanche, le 3 avril 2011

Très tôt, l’évêque nous a appelés et nous a dit de rester chez nous, car il avait essayé de sortir et a été obligé à se coucher à terre avec une arme pointée sur la tête pendant 20 minutes et par la main de Dieu, ils lui ont permis de rentrer chez lui, sous la menace de ne pas se rendre à l’église…

Révoltés, nous nous sommes mis à prier car s’était inadmissible de rester à la maison un dimanche, dans quelques églises, il y a eu une réunion avec 10, 17 et 30 personnes courageuses qui habitent près de l’église…

L’après-midi, nous nous sommes réunis pour chercher la Présence de Dieu, et Il s’est fait présent, j’ai pu écouter la douce Voix du Saint-Esprit qui nous a consolé, nous a fortifié et nous a donné la paix intérieure et une tranquillité que seulement Lui peut nous donner, malgré les bruits que nous écoutions, nous avions assurance.

La nuit est arrivée et nous sommes allés dormir…

Lundi, le 4 avril 2011

Nous nous sommes réveillés avec la nouvelle que l’une de nos églises a été saccagée, ils n’ont laissé que les chaises, le peuple et les ouvriers étaient inquiets avec nous, ils essayaient de nous appeler, mais nous n’avions plus d’électricité et les batteries des portables commençaient à se décharger, l’eau était également rare, nous devions économiser le gaz, ainsi que la nourriture, car nous ne savions pas quand est-ce que nous pourrions sortir à nouveau…

Il est 16h, nous nous sommes aperçus que plusieurs hélicoptères survolaient très bas… L’ambassade du Brésil voulait savoir le lieu exact où nous nous trouvions et nous a demandé de garder nos papiers en lieu sûr au cas où il faudrait nous rapatrier… Bien sûr, dans nos cœurs, nous nous disions: Pas question de partir !

A 16h45, nous nous préparions pour la prière de 17h, mais nous avons remarqué quelque chose de bizarre, un hélicoptère a laissé tomber quelque chose à quelques kilomètres de notre maison et d’un coup il y a eu une forte explosion qui a tout fait trembler, d’autres hélicoptères faisaient la même chose, nous sommes allés vers la cuisine, nous nous sommes mis à terre et nous avons prié, j’ai eu très peur, comme jamais auparavant dans ma vie, j’ai fermé les yeux et j’ai fait confiance à Dieu… C’était la France qui était en train de bombarder 4 endroits: la maison du président, la mairie et 2 camps militaires, l’un deux à 5 km de notre maison… Nous pensons au peuple, aux ouvriers, aux autres pasteurs, aux auxiliaires qui sont dans les églises.

Et si l’une de ces bombes tombe dans une église? Comment va l’évêque ?

Il n’y a pas d’électricité, ni ligne téléphonique, le soir est arrivé et les explosions continuent, un hélicoptère a été atteint, où est-il tombé?

Mardi, le 5 avril 2011


Je me suis endormie, la fatigue a vaincu… J’entends toujours les bombes!

Nous sommes heureux d’être vivants! Nous glorifions Dieu et nous demandons sans cesse en faveur des autres!

Nous passons la journée en prière, ce n’est plus de 6 en 6 heures ni 3 fois par jour, mais d’heure en heure, nous les femmes, essayons de nous occuper en nettoyant la maison pendant la journée, nous lisons la Bible, d’autres livres, enfin… La journée passe…. Nous gardons espoir que le lendemain, nous pourrons retourner à une vie normale, mais…

Mercredi, le 6 avril 2011

Cette nuit-là, j’ai dormi, grâce à Dieu! Nous décidons de sortir afin d’acheter du charbon car le gaz peut terminer à n’importe quel moment, en arrivant au centre-ville, la situation est devenue pire, il y a de moins en moins de choses et elles sont encore plus chères, les vols à l’étalage ont vidé et détruit tous les supermarchés…

Nos n’avons pas acheté grand-chose parce que la valeur que normalement nous dépensons pour les achats du mois, aujourd’hui nous a permis d’acheter à peine de la nourriture pour une semaine… Nous rentrons, fatiguées de lutter pour avoir les choses, et révoltées de voir ce qui se passe avec la population.

Après 3 jours sans électricité, la lumière est revenue, grâce à Dieu, nous avions peur que les aliments que nous avions périssent, nous n’avions même pas d’eau fraîche!

Même si nous n’étions pas dans le jeûne des 21 jours, nous ne pourrions pas accompagner les informations car la seule chaîne de télé a été bombardée! Il a été décrété un «cessez-le-feu»!

Il est midi et nous sommes réunis pour la prière, alors que l’évêque nous appelle en disant que des hommes armés sont rentrés chez lui et ont volé ses affaires et sa voiture. Nous rendons grâce à Dieu car cela s’est produit alors qu’il s’était absenté pour essayer d’acheter quelque chose, son épouse et sa fille étaient à la maison mais les hommes ne leur ont pas fait de mal!

Notre révolte a augmenté!

L’après-midi, nous avons reçu la nouvelle que 2 mortiers ont été lancés sur le siège et ont détruit une partie du mur et une voiture de l’église qui était stationnée là-bas… Une fois de plus, il y a eu la délivrance de Dieu car il y avait plus de 30 personnes à l’intérieur avec les pasteurs auxiliaires et leurs épouses et quelques ouvriers qui dorment à l’église, mais ils n’ont eu aucune égratignure. Dieu est en train d’écouter nos prières !

Il est 17h et nous allons chercher la présence de Dieu et participer à la Sainte Cène, improvisée à la maison, c’était une bénédiction tellement forte, telle l’église primitive, le Saint-Esprit était là pour nous fortifier, en nous donnant la paix… Toujours en train de penser au peuple et aux ouvriers, demandant au Saint-Esprit de leur donner la même paix et assurance là où ils se trouvent!

Jeudi, le 7 avril 2011

La journée est apparemment calme, le couvre-feu est à midi, les personnes courent pour acheter quelque chose à manger, aujourd’hui les pharmacies sont ouvertes, mais il y a des centaines de personnes et une grande confusion, nous imaginons combien de personnes sont blessées et sans assistance médicale, et sans argent pour aller à l’hôpital, je ne sais pas ce qui peut arriver à une personne qui souffre de problèmes cardiaques au moment des bombardements…

L’estimation des décédés depuis la semaine dernière jusqu’à présent est de 1500 personnes, sans mentionner les blessés!

Une semaine à la maison, c’est révoltant! Nous remercions Dieu pour être en vie, pour avoir de quoi manger, eau et électricité, car nous savons que plusieurs n’ont même pas cela!

Nous sommes toujours en prière pour que rien ne manque à notre peuple et aux ouvriers, la journée se termine et nous allons dormir… Maintenant, les invasions à la maison sont devenues une routine, les viols, la violence sont constants, mais nous croyons, car si l’Eternel n’édifie pas la maison…

Vendredi, le 8 avril 2011

Le matin, nous écoutons des coups de feu, quelques pasteurs sont allés au centre ville, à leur retour ils nous ont raconté qu’il y avait beaucoup d’hommes armés près de notre maison.

Nous avons terminé de déjeuner, je suis allée faire la vaisselle et d’un coup des coups de feu s’échangent dans notre rue, nous nous sommes mis à terre et nous avons prié jusqu’à 15h, lorsque les bombes et les coups de feu ont cessé, mais grâce à Dieu nous sommes bien!

Samedi, le 9 avril 2011

Le matin, les pasteurs se sont rendus au centre ville et ils sont retournés nous disant qu’il y avait 6 corps à côté de notre maison, résultat du conflit d’hier, en 4 Km il y avait plus de 5 barrages où toutes les personnes et voitures (celles qui prennent le risque de sortir en voiture) ont été arrêtées et fouillées…

Nous nous sommes réunis pour écouter le message de l’évêque Macedo qui nous a beaucoup fortifiés, nous avons eu des difficultés pour entendre le message (André la traduisait pour les pasteurs qui ne parlent pas portugais) à cause des coups de feu et des bombes qui ont commencé exactement à 16h.

Nous avons été informés que 3 couples de pasteurs qui habitent dans un autre arrondissement ont été obligés de quitter leur maison et courir vers l’église, donc notre prière a été exclusivement en leur faveur…

Le soir est arrivé, mais les coups de feu continuent, nous restons enfermés à la maison en prière pour pouvoir dormir en paix, malgré la révolte de devoir rester chez nous et de ne pas pouvoir nous rendre à l’église demain matin, par la deuxième fois, nous resterons à la maison un dimanche…

Les membres nous appellent en nous disant qu’ils ne peuvent pas se rendre à l’église demain, enfin… Les pasteurs ont décidé de prendre le risque de se rendre à l’église la plus proche de notre arrondissement, environ 9 km de la maison… Ils iront à pied, il a été convenu que les épouses et 2 pasteurs resteront ici, nous verrons demain comment ce sera.

Dimanche, le 10 avril

Les pasteurs sont allés à l’église et sont rentrés en paix, ils ont dû s’arrêter à quelques barrages, le problème c’est lorsqu’ils voient que se sont des missionnaires, ils restent en colère parce qu’ils disent que les chrétiens prient contre eux, les pasteurs essaient d’expliquer qu’ils prient juste pour qu’il y ait la paix, mais ils n’aiment pas… Donc nous avons fait des lettres de volontaires de l’ABC, nous présenterons ce document dorénavant.

Nous avons eu des réunions dans quelques églises, j’ai été très heureuse avec l’appel d’une ouvrière qui m’a racontée que quelques ouvriers et membres se sont réunis dans l’église qui a été détruite, je lui ai dit que c’est bien cela que Dieu attend de nous, une foi indépendante, lorsque nous avons le Saint-Esprit, nous ne dépendons pas du pasteur, ni de l’église, mais de notre foi… Une jeune fille m’a également appelée en me disant qu’elle va bien mais qu’il y avait un ouvrier qui était porté disparu, mais je crois qu’il va bien, parce que Dieu est fidèle!

Les bombardements continuent, c’est bizarre mais nous nous sommes habitués à eux et ils ne nous effrayent plus, nous avons prié à 17h et nous avons cherché la force de Dieu qui ne nous a jamais laissé, je suis sûre que cela va se terminer, cette assurance vient du Saint-Esprit!

Il pleut abondamment, comme si la météo manifestait sa révolte! Nous n’avons pas eu d’électricité pendant la journée, mais maintenant elle est revenue.

Je prie pour que demain nous puissions sortir de chez nous… En ce moment, des hélicoptères et des avions survolent près d’ici, seulement Dieu peut nous garder, nous ne savons jamais quand ni où ils vont bombarder et mitrailler, nous comptons avec la protection de Dieu!

Jusqu’à présent l’Eternel nous à aidé!

Nous avons de quoi manger, eau et électricité, nous n’écoutons plus de bombardements, ce qui domine maintenant c’est les invasions dans les maisons, pour cette raison nous comptons avec la protection de Dieu et rien de plus, seulement Lui pour nous garder…

Continuez à prier en notre faveur, s’il vous plaît!

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